La procrastination est un comportement humain souvent confondu avec la paresse. Rassurons-nous : elle n’a rien de pathologique !
Une étude a été réalisée par TaskRabbit en collaboration avec l’institut de sondage OpinionWay en 2022 révèle que :
D’autres causes existent : manque de confiance, peur de l’échec, perfectionnisme, manque de concentration, surcharge de travail ou stress, etc.
Il est important de bien distinguer la fainéantise et la procrastination. Quelqu’un qui procrastine n’est pas paresseux ni désorganisé. Quelqu’un qui procrastine n’est pas paresseux ou mal organisé. D’ailleurs, la procrastination peut se traduire par un élan d’activités multipliées par le sujet afin d’éviter de réaliser la tâche qui lui incombe.
Notre cerveau cherche constamment à se nourrir de plaisir immédiat et de gratification instantanée. Faire face à une tâche longue et difficile est souvent le dernier recours. Emprunter le circuit de la facilité a toujours réussi à l'Homme.
Par exemple, la technologie ne rend pas service aux personnes qui souhaitent remédier à la procrastination. Les réseaux sociaux sont conçus pour booster et faciliter la sécrétion de dopamine à chaque utilisation. Liker, scroller, regarder des vidéos au format très court rend -littéralement- addict. La stimulation et la satisfaction sont immédiates et ces activités chronophages nous bloquent et nous empêchent de passer à l’action pour effectuer des tâches moins agréables mais nécessaires au quotidien.
La procrastination chronique peut être particulièrement usante car elle est toujours accompagnée d’autres états psychologiques complémentaires ou sous-jacents : la peur, la frustration, l’anxiété, la dépression.
Pour Nic Voge, de l'Université Princeton, la procrastination serait une stratégie d’autoprotection. Si une tâche est mal effectuée, la procrastination serait la seule responsable, pas les compétences ou les qualités de la personne concernée. Dans ce cercle infernal, l’immobilisme provoqué par la procrastination renforce la faible estime de soi alors que passer à l’action la renforce.
Aussi, la procrastination favorise les biais cognitifs, une distorsion de la pensée logique. Ce comportement est ainsi justifié car :
La procrastination n’a rien de grave en soi. Elle pourrait même s’apparenter à une philosophie de l'oisiveté, de la lenteur. Une sorte “Carpe diem, quam minimum credula postero” : “cueille le jour sans te soucier du lendemain”.
Oscar Wilde ne remettait jamais au lendemain ce qu’il pouvait faire le surlendemain et Henry de Montherlant nous conseillait de toujours remettre au lendemain car les trois quarts des choses s’arrangent d’elles-mêmes !
Ce qui pose véritablement problème, c’est que ce comportement n’est pas en adéquation avec le Monde Moderne. L’heure est à la croissance et la productivité. Pourtant la procrastination est inscrite profondément en nous, depuis l’Aube de l’Humanité. A vrai dire, le plaisir est le propre de l’Homme. La procrastination soulève un véritable paradoxe, une dissonance cognitive, qui peut parfois nous mener la vie dure. Parce que oui, procrastiner à l’extrême peut nous faire vivre dans l’urgence et le stress afin de suivre un rythme imposé par la société.
L’Hindou Saint Kabir avait conseillé dans les années 1400 et quelques : « ce que vous devez faire demain, faites-le aujourd'hui ; ce que vous devez faire aujourd'hui, faites-le maintenant ».
Il devait être inspiré par Sénèque qui au début de notre ère prédisait : « En suivant le chemin qui s’appelle plus tard, nous arrivons sur la place qui s’appelle jamais. ».
Lorsque vous procrastinez, commencez par vous poser les bonnes questions. Cela stimulera votre bon sens :
Procrastiner n’est pas une faute, ce n’est ni une tare ni une fatalité mais un signal à écouter.
C’est une réponse humaine à la tension entre plaisir immédiat et effort durable.
La comprendre, c’est déjà commencer à l’apprivoiser ...
Et vous, que pensez-vous de la procrastination ?
Références
