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Procrastination : comprendre pour mieux agir 

Procrastination : comprendre pour mieux agir 

Catégorie : dossier 
Auteur(s) : Pierre CROCI
Date : jeudi 30 octobre 2025
Durée de lecture < 5 minutes

Un comportement humain fréquent

La procrastination est un comportement humain souvent confondu avec la paresse. Rassurons-nous : elle n’a rien de pathologique !


Quelques chiffres clés

Une étude a été réalisée par TaskRabbit en collaboration avec l’institut de sondage OpinionWay en 2022 révèle que :

  • 69 % des Français remettent certaines tâches au lendemain par manque de motivation.
  • 59 % le feraient par manque de temps.

D’autres causes existent : manque de confiance, peur de l’échec, perfectionnisme, manque de concentration, surcharge de travail ou stress, etc.

Paresse ou stratégie d’évitement ?

Il est important de bien distinguer la fainéantise et la procrastination. Quelqu’un qui procrastine n’est pas paresseux ni désorganisé. Quelqu’un qui procrastine n’est pas paresseux ou mal organisé. D’ailleurs, la procrastination peut se traduire par un élan d’activités multipliées par le sujet afin d’éviter de réaliser la tâche qui lui incombe.

Le cerveau et la recherche du plaisir immédiat

Notre cerveau cherche constamment à se nourrir de plaisir immédiat et de gratification instantanée. Faire face à une tâche longue et difficile est souvent le dernier recours. Emprunter le circuit de la facilité a toujours réussi à l'Homme.

Dopamine et technologies

Par exemple, la technologie ne rend pas service aux personnes qui souhaitent remédier à la procrastination. Les réseaux sociaux sont conçus pour booster et faciliter la sécrétion de dopamine à chaque utilisation. Liker, scroller, regarder des vidéos au format très court rend -littéralement- addict. La stimulation et la satisfaction sont immédiates et ces activités chronophages nous bloquent et nous empêchent de passer à l’action pour effectuer des tâches moins agréables mais nécessaires au quotidien.

Quand la procrastination devient chronique

La procrastination chronique peut être particulièrement usante car elle est toujours accompagnée d’autres états psychologiques complémentaires ou sous-jacents : la peur, la frustration, l’anxiété, la dépression.

Une stratégie d’autoprotection ?

Pour Nic Voge, de l'Université Princeton, la procrastination serait une stratégie d’autoprotection. Si une tâche est mal effectuée, la procrastination serait la seule responsable, pas les compétences ou les qualités de la personne concernée. Dans ce cercle infernal, l’immobilisme provoqué par la procrastination renforce la faible estime de soi alors que passer à l’action la renforce.

Les biais cognitifs de justification

Aussi, la procrastination favorise les biais cognitifs, une distorsion de la pensée logique. Ce comportement est ainsi justifié car :

  • “Je travaille plus facilement dans l’urgence.”
  • “J’ai encore largement le temps pour effectuer ceci.”
  • “Ce n’est pas le bon timing.”
  • “Je ne suis pas dans le bon état d’esprit, j’y reviendrai plus tard.”

Philosophie de la lenteur ou frein moderne ?

Une approche ancienne de la lenteur

La procrastination n’a rien de grave en soi. Elle pourrait même s’apparenter à une philosophie de l'oisiveté, de la lenteur. Une sorte “Carpe diem, quam minimum credula postero” : “cueille le jour sans te soucier du lendemain”.


Oscar Wilde ne remettait jamais au lendemain ce qu’il pouvait faire le surlendemain et Henry de Montherlant nous conseillait de toujours remettre au lendemain car les trois quarts des choses s’arrangent d’elles-mêmes !

Un comportement en décalage avec notre époque

Ce qui pose véritablement problème, c’est que ce comportement n’est pas en adéquation avec le Monde Moderne. L’heure est à la croissance et la productivité. Pourtant la procrastination est inscrite profondément en nous, depuis l’Aube de l’Humanité. A vrai dire, le plaisir est le propre de l’Homme. La procrastination soulève un véritable paradoxe, une dissonance cognitive, qui peut parfois nous mener la vie dure. Parce que oui, procrastiner à l’extrême peut nous faire vivre dans l’urgence et le stress afin de suivre un rythme imposé par la société.

Les leçons du temps et des sages

L’Hindou Saint Kabir avait conseillé dans les années 1400 et quelques : « ce que vous devez faire demain, faites-le aujourd'hui ; ce que vous devez faire aujourd'hui, faites-le maintenant ».

Il devait être inspiré par Sénèque qui au début de notre ère prédisait : « En suivant le chemin qui s’appelle plus tard, nous arrivons sur la place qui s’appelle jamais. ».

Agir concrètement : questionner et planifier

Se poser les bonnes questions

Lorsque vous procrastinez, commencez par vous poser les bonnes questions. Cela stimulera votre bon sens :

  1. Que suis-je en train d’éviter en procrastinant ?
  2. Qu’est-ce qui me fait perdre mon temps ?
  3. En quoi la tâche que j’évite est-elle importante ?

Quelques astuces simples pour éviter de procrastiner

  • Découper les tâches en étapes courtes. Si la tâche est longue et pénible, découpez-la en plusieurs étapes pour faciliter sa réalisation. Des tranches de 15 minutes se révèlent efficaces.
  • Créer des rituels pour se mettre dans l’action. Mettez en place quelques rituels agréables qui vous aident à vous mettre en situation. Des petites habitudes saines qui vous aident à enclencher le mouvement : un thé, une séance d’étirement, préparer son lieu de travail…
  • Supprimer les distractions : vous pouvez par exemple vous imposer une limite de temps sur votre smartphone. Il est même possible de programmer sur votre téléphone des alertes pour vous inviter à décrocher de votre écran.
  • Penser long terme pour donner du sens aux efforts. Faites en sorte d’avoir une vision sur le long terme. Cela vous permet de vous accrocher à des objectifs et de prendre de la hauteur. La procrastination ne sera plus une option pour vous.
  • S’entourer de personnes motivées pour vous aider à passer à l’action et rester motivé. Cela fonctionne pour le sport, le travail, l’administration… La synergie de groupe possède des vertus incroyables !
  • Prévoir une récompense après l’accomplissement. Planifiez-vous des petites récompenses pour vous motiver. Vous pouvez vous promettre un moment de répit seulement une fois la tâche accomplie.
  • Tenir une to-do list et cocher les réussites. Sous forme de notes sur votre téléphone ou sous forme de post-it, il n’y a rien de plus satisfaisant que cocher ou rayer ce qui a été fait !
  • Jouer avec le temps : lancer un chrono et se défier. Laissez de la place au jeu. Vous pouvez vous lancer des défis en mettant en place un timer. La récompense dont on parlait plus haut pourra ensuite suivre.
  • Appliquer la règle des 5 minutes : Suivez cette règle d’or : “ce qui prend moins de 5 minutes à faire, je le fais tout de suite”.
  • Se rappeler le conseil de Fabien Olicard : “Un vaut mieux que zéro, faire est mieux que parfaire.” même si cela n’est pas suffisant, c’est un début !
  • Et osez dire non.

Procrastiner n’est pas une faute, ce n’est ni une tare ni une fatalité mais un signal à écouter.
C’est une réponse humaine à la tension entre plaisir immédiat et effort durable.
La comprendre, c’est déjà commencer à l’apprivoiser ...

Et vous, que pensez-vous de la procrastination ?

Références

Pierre CROCI
Superviseur, Coach, Médiateur & Animateur atelier de Codéveloppement
Médiation Pyrénées Adour