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Management VS Leadership

Management VS Leadership

Catégorie : dossier 
Auteur(s) : Claude Balié
Date : jeudi 23 septembre 2021
Durée de lecture < 6 minutes

Devenez le chef de votre tribu

« Les grands chefs sont ceux qui donnent le plus. » Dicton Huitoto, indiens d’Amazonie

Management et leadership sont deux concepts assez différents qui ne considèrent pas exactement le même objet. Si le management nous parle de conduite, le Leadership traite d’initiative et de destination.

En 2016, j’ai eu la chance d’accompagner une fonderie située dans le centre de la France. Durant les six premiers mois, les initiatives de conseil ne prenaient pas et les résultats étaient assez infructueux. Suite au renouvellement de la direction du site, durant les six mois suivants, nous avons vécu une captivante et salutaire traversée de crise. Cette entreprise ne parvenait plus à livrer ses clients, le retard de livraison s’aggravait chaque mois et plus sérieux encore, les clients protestaient et menaçaient de prendre tour à tour le contrôle de la société. Si elle n’avait pas été adossée à un grand groupe, elle aurait probablement rapidement déposé son bilan. Il est prudent de se méfier de l’Homme providentiel et de ne pas croire qu’il peut tout résoudre. Cependant, ce cas est intéressant pour identifier ce qui différencie un Leader d’un Manager et pour comprendre pourquoi pour aller de l’avant il faut un leader.

Le dirigeant précédent fondait son style de management sur le contrôle et le commandement. Il se caractérisait par une confiance envers ses collaborateurs et passait son temps, souvent sur le terrain, trop proche du terrain, à donner ordres et contrordres. Le regard figé sur le quotidien ou sur la semaine, il ne parvenait pas à prévoir les orages et à planifier l’avenir de son entreprise. Ses collaborateurs, sans l’avouer et à demi-mots, corrigeaient certaines de ses décisions et paraient au plus pressé quand ils le pouvaient. La plupart étaient démotivés, ceux qui le pouvaient partaient et les autres se résignaient en cherchant à protéger leur situation individuelle. L’égoïsme régnait et le travail d’équipe avait disparu.

 

Mettre la confiance au centre

Le changement de dirigeant, apporta un nouveau Leadership bien plus qu’un nouveau Management. Les indicateurs de performance, les règles de gestion et les collaborateurs sont demeurés essentiellement les mêmes. Ce qui changea fondamentalement, ce fut les relations humaines. Le directeur s’adressait à ses collaborateurs, pour comprendre, plus que pour commander. Il demandait des avis et écoutait les conseils. Il recadra, quand ce fût nécessaire, le contrat et les règles essentielles pour un travail en commun. Surtout, il répéta inlassablement que redresser la situation était l’affaire de tous, qu’il n’y parviendrait pas seul et qu’il faudrait compter avec les initiatives de tous. Fondamentalement, il leur fit comprendre qu’il ne prendrait pas toutes les décisions, mais qu’il serait derrière eux, à leur écoute, prêt à les épauler dès qu’ils en avaient besoin. Donnant l’exemple en parcourant quotidiennement la société et prenant pour lui les tâches les plus ardues, il instilla, peu à peu, la confiance. Celle-ci libéra les initiatives et permit de souder les équipes dans une seule perspective commune : traverser la crise, sauver les clients, sauver les emplois. Aujourd’hui, un an plus tard, l’entreprise va mieux et si elle navigue toujours dans des eaux mouvementées, il est commun d’y croiser des sourires et d’entendre, « ça va mieux, on va y arriver ».

 

Leadership ou Management

L’étude du Leadership est en vogue. De plus en plus, elle figure dans les parcours des écoles de management et dans les séminaires exécutifs des grands groupes. Pourtant Leadership et Management ne seraient-ils pas synonymes ?

Ce sont en fait, deux concepts assez différents qui ne considèrent pas exactement le même objet. Si le management nous parle de conduite, le Leadership traite d’initiative et de destination.
Une bonne image serait de comparer toute organisation avec un de ces voiliers trois mats qui parcouraient les océans. Dans ce navire le leader serait le capitaine, c’est-à-dire celui qui lance l’expédition, définit la route, choisit son équipage et garde le cap. Surtout et fondamentalement, c’est lui qui prend la barre et commande le navire par gros temps. Le manager serait l’homme de quart, celui qui par temps calme conduit le navire, assure la route et contrôle le pont. Il s’assure du bon fonctionnement du navire et le respect de la route à suivre.

Dans cette image on perçoit tout de suite la différence des rôles. Le Leader crée, inspire et renouvelle. Le Manager contrôle et maintient. Il est capable d’administrer, de gérer.  Ainsi le Management, tel qu’il a été enseigné, est la science du contrôle des ressources, de leur gestion de leur administration. Il gère les ressources limitées de l’entreprise, en premier lieu financières, mais aussi le temps et la qualité. Il s’est même pris à considérer que les Hommes sont aussi une ressource et leur applique les mêmes sciences comptables et de contrôle qu’il applique aux matières, machines et services. Le rôle du manager serait apparu quand les Cités Etats sont devenues si complexes que la loi et l’administration devinrent nécessaires. Ce sont les instruits qui comptent et mesurent. Ce sont les scribes, les chambellans et autres baillis. Dans les grandes administrations et entreprises, le Manager s’identifie facilement. Il tire son autorité et sa légitimité de sa position dans l’organigramme, et non de la reconnaissance de ses collaborateurs. Le Manager à un rôle clair : maintenir un certain ordre établi, voire le « statu quo », faire respecter les règles et assurer que l’administration, voire la bureaucratie, remplit son rôle. Le manager se préoccupe surtout du passé, et parfois un peu du présent. Il regarde hélas, trop peu l’avenir et n’est pas force d’anticipation ou de renouvellement. D’où la fâcheuse et limitante habitude des Comités de Direction qui « comptent les morts en fin de mois ».

 

Devenir le Leader naturel

Plus qu’une position dans l’organigramme, être Leader, est avant tout une reconnaissance. Nous ne sommes leader que des personnes qui acceptent de nous suivre. Un salarié, sans position hiérarchique supérieure, peut par son action remarquable et son mérite personnel devenir le Leader naturel d’un groupe de collègues. Ainsi le leadership se comprend en tant que relation sociale. C’est un lien anthropologique. Pour comprendre les ressorts du Leadership, il est donc utile de comprendre ce qui constitue l’être humain dans sa biologie et dans ses relations sociales.
Nous sommes instinctivement conditionnés pour vivre en un petit groupe de personnes unis et solidaires, un clan. Auparavant, le clan s’adonnait à la chasse, aujourd’hui, dans l’entreprise, il s’adonne à des activités plus modernes, plus complexes. Cependant le lien social n’a pas changé. Nous exprimons le besoin impérieux de nous sentir protégé au sein du clan. Plus proche et claire est cette sensation de protection, plus forte est la confiance et plus riche est l’expérience humaine. Aussi, le Leader est cette personne, femme ou homme, qui apportera suffisamment de protection, de vision, d’inspiration et de sagesse à chaque membre du groupe humain qu’il guide.  En premier lieu le Leader doit assurer la survie du clan et des individus, puis elle/il crée les conditions qui doivent assurer les aspirations humaines plus élevées, reconnaissance, réalisation de soi par exemple. Ainsi, est Leader celui à qui les autres concèdent le rôle de guide. Ce n’est en rien un titre hérité ou une position autoritaire, mais quelque chose qui s’obtient, se mérite. Le Leadership, c’est la capacité d’établir la confiance et de libérer les énergies de chacun.

 

Si vous poussez sur une chaîne, vous ne savez pas vers où elle va aller, si vous la tirez, elle vous suit.

Dwigth Einseinower

 

Nos entreprises sont elles aussi des constructions claniques, dans lesquelles tous les instincts et émotions humaines entrent en jeu. Ce serait une terrible erreur de ne l’interpréter que par le prisme intellectuel et logique, de se contenter d’applique un management contrôleur qui briderait les initiatives et le potentiel de réalisation humaine.

 

Quand le travail des meilleurs Leaders est achevé, les gens disent « nous l’avons fait de nous-même ».

Lao Tseu

En conclusion

Si vous êtes dirigeant, découvrez votre style de leadership, renforcez vos points forts, travaillez vos faiblesses. Construisez une équipe prête à affronter tous les événements, définissez votre cap, communiquez-le et larguez les amarres. Vous entraînerez avec vous un clan de femmes et d’hommes qui feront un travail extraordinaire. Et à l’arrivée, sous votre regard bienveillant, ils auront tout le mérite du résultat.

Claude Balié
Consultant en Leadership et en Excellence Opérationnelle